Le XVIIIe siècle français abrita l’essor de nombreux salons à Paris, lieu d’une sociabilité à la fois aristocratique et mondaine. Les salons de madame Geoffrin, de madame de Tencin ou du baron d’Holbach recevaient ainsi la fine fleur de la scène philosophique et artistique. Il est donc tout naturel que des compositeurs tels que Jean-Philippe Rameau ou encore Jean-Féry Rebel y aient été reçus et que leur musique y était jouée à de très nombreuses reprises. Mais les salons parisiens accueillaient bien sûr également les compositeurs étrangers de passage dans la capitale, tels que Georg Philipp Telemann, dont les Quatuors parisiens sont ainsi restés célèbres. La Chicane propose ici un programme rassemblant certaines des pièces ayant pu être entendues au XVIIIe siècle dans les salons parisiens, donnant tour à tour la part belle au clavecin (Pièces de clavecin en concerts de Rameau), au violon (Sonate de Rebel) et à la viole avec le magnifique Tombeau pour la mort de monsieur de Sainte-Colombe de Marin Marais, composé au tout début du XVIIIe siècle et qui continua d’être joué pendant plusieurs décennies.
PIÈCES DE CLAVECIN EN CONCERT N°1
Jean-Philippe Rameau (1683-1764) - Pièces de clavecin en concert Publié en 1741 à Paris
La Coulicam La Livri Le Vézinet
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SONATE EN TRIO N°5 (TWV 42:g1) Georg Philipp Telemann (1681-1767) - Six Trio Sonatas Publié en 1718 à Francfort
Adagio Vivace Adagio Allegro
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TOMBEAU POUR MONSIEUR DE SAINTE-COLOMBE Marin Marais (1656-1728) - Deuxième livre de pièces de viole, Sonate en Mi mineur Publié en 1701 à Paris
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SONATE QUATRIÈME EN MI MINEUR
Jean-Féry Rebel (1666-1747) - Sonates à violon seul livre II Publié en 1713 à Paris
Gracieusement Viste Récit: Très doux Gai Viste
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PIÈCES DE CLAVECIN EN CONCERT N°4 Jean-Philippe Rameau (1683-1764) - Pièces de clavecin en concert Publié en 1741 à Paris
La Pantomime L'Indiscrète La Rameau
The Italian Sprezzatura
Le terme sprezzatura est issu du Libro de Cortegiano (Le Livre du courtisan, 1528) de Baldassare Castiglione (1478 – 1529). Décrite par l’auteur comme une des vertus essentielles de l’homme de cour, on peut la traduire en français par le mot « nonchalance », consistant à « fuir le plus que l’on peut (…) l’affectation » et de « montrer ce qu’on fait comme s’il était venu sans peine et presque sans y penser ». Si l’on s’en tient à cette définition, il ne semble guère étonnant que les musiciens se soient efforcés de s’approprier cette fabuleuse vertu, et ce jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Mêlant à la fois une apparence de facilité et de désinvolture, la sprezzatura musicale est une forme de virtuosité dissimulée, particulièrement présente dans le style italien mais aussi parfois dans le style français et germanique. Le programme élaboré ici par La Chicane s’emploie à faire revivre la sprezzatura musicale telle qu’elle a pu exister au XVIIIe siècle, chez des compositeurs tels que Haendel, Platti, Bach ou Tartini. Les sonates écrites par ces différents compositeurs se veulent l’illustration de la nonchalance musicale au XVIIIe siècle, à la frontière entre le bon goût et le je-ne-sais-quoi.
SONATE POUR VIOLON EN RÉ MAJEUR HWV 359a Georg Friedrich Haendel (1685-1759)
Grave Allegro Adagio Allegro
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SONATE POUR VIOLON EN SOL MAJEUR BWV1021 Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Adagio Vivace Largo Presto
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SONATE POUR VIOLON N°1 OP 2 EN RÉ MAJEUR Giuseppe Tartini (1692-1770)
Andante Cantabile Allegro
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SONATE EN TRIO EN DO MINEUR WD 678 Giovanni Benedetto Platti (1697-1763)
Adagio Allegro Sarabanda Giga
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FUGUE EN SOL MINEUR BWV1026 Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Chicaneries allemandes en trio au XVIIème et XVIIIème siècles
La Chicane propose ici de mettre en lumière le genre de la sonate en trio, où la viole de gambe, mise sur un piédestal par des compositeurs de génie, se hausse au niveau du violon et s’emploie à dialoguer avec lui comme une égale. La sonate en trio, très en vogue tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles, a été particulièrement mise à l’honneur en Allemagne et des grands noms tels que Buxtehude, Erlebach, Telemann ou même J.-S. Bach ont contribué à lui donner ses lettres de noblesse. Ces quatre compositeurs comportent en outre la particularité d’avoir été très liés et de s’être nourris musicalement les uns les autres. Erlebach et Bach ont ainsi été tous les deux implantés en Thuringe pendant toute ou partie de leur vie. Les œuvres d’Erlebach ont donc inspiré son illustre successeur, même si la plupart furent détruites lors d’un incendie en 1735. Buxtehude, l’un des musiciens les plus reconnus de son temps, attira de nombreux élèves, et parmi eux Bach, qui aurait, dit-on, parcouru à pied en 1705 la route d’Arnstadt à Lübeck pour le rencontrer. Quant à Telemann et Bach, ils se connurent personnellement : quasi contemporains et amis (Telemann fut même le parrain du fils de Bach, Carl Philipp), leur influence musicale mutuelle est très importante. La Chicane propose donc d’emmener le public dans un voyage à travers l’Allemagne de la fin du XVIIe siècle au début du XVIIIe siècle, où le violon et la viole de gambe dialoguent et chantent ensemble ou tour à tour, soutenus par la basse continue du clavecin.
SONATE EN TRIO N°5 (TWV 42:g1) Georg Philipp Telemann (1681-1767) - Six Trio Sonatas Publié en 1718 à Francfort
Adagio Vivace Adagio Allegro
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SONATE EN TRIO OP.1 N°4 BuxWV255 Dietrich Buxtehude (1637-1707)
Vivace Lento Allegro
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SONATA PRIMA EN LA MINEUR Anonyme - Allemagne 1673
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SONATE EN TRIO N°2 Philipp Heinrich Erlebach (1657-1714) Adagio - Allegro - Adagio Allemande & Courante Sarabande Gigue
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FUGUE EN SOL MINEUR BWV1026 Johann Sebastian Bach (1685-1750)